Skip to main content

KARRABING FILM COLLECTIVE

WUTHARR, SALTWATER DREAMS

2016 | numérique | 28 mins 53 secs
Avec un texte de | With a text by: Olivier Godin

En ligne du 10 mars au 10 avril

Olivier Godin
Sur Wutharr, Saltwater Dreams

On peut seulement boire de l’eau qui ne rêve pas.

Linda parle au voisinage des lumières que Dieu a planté dans le ciel, juste au-dessus du drame. Il y en aurait trois. À travers elles, Dieu clignote et fournit un éclairage au jeu coupable des preuves et à l’hypothèse de ces plages magiciennes.

L’enjeu est le suivant : il faut, avec ou sans Dieu, réparer le moteur. C’est ça, le drame sur lequel il faut faire tomber la lumière. Et sans mettre de l’essence sur les mots, car l’essence est injuste, Trevor, Linda et les ancêtres, tenteront de parler du sacré qui se cache sous la graisse du moteur.

Le sacré, plutôt malhabile, s’accompagnera un jour d’indications cruciales visant à réparer le moteur. Ce jour, au moment de rédiger cette phrase, se fait toujours attendre. Selon Linda, les indications sont pourtant depuis toujours dans le ciel des trois Lumières.

On ne filme que les hanches du policier, rien d’autre. On dira que sa braguette, son gun et sa matraque suffisent à dire ce qu’il représente, c’est-à-dire, une sorte de feu malpropre. Car le feu, le premier des éléments, n’est incarné que par cette sombre trinité. La police débarque avec sa ténèbre, le mystère est intact, assombrir est son rôle. Elle ne dit pas que les mains sont des astres, mais confirme par sa présence que le mystère a besoin de lumière.

Si l’eau a rêvé le mot, ce symbole obtus et malléable, c’est pour le projeter dans le ciel. Un fantôme applaudit le ventre qui réclame à boire. La boue pactise avec l’eau et devient littérature, de celle qui préfère une adhésion plus complète des indices.

Sur l’île, les mots, en forme de fruits et de feuilles, prédisent tout ce qui advient. Ailleurs, on sent le fertile esprit de communion que le pied impose à la nature. Ailleurs encore, on pense à Kurosawa.

Le fusible qui a sauté tarde à se faire identifier. Il sature l’ouvrage de la prière, ça, c’est la version de Linda, dans mes mots. Dieu seul possède l’expertise nécessaire pour réparer le moteur du bateau. Le manuel d’instruction, disent les applaudissements, s’est égaré dans la graisse.

Les rêves se sont étouffés. Le fait est que ce sont les ancêtres qui ont brisé le moteur. L’âme, ce détective malade, comme une espérance de papier, se glisse dans un roucoulement, disparait avec l’air. Ça, c’est la version de Trevor, qui précède celle de Linda.

Quel était le motif des ancêtres ? Qui sont les ancêtres ? Je veux dire, on veut des noms, il faut nommer les coupables. La bureaucratie, la lumière et la police l’exigent. Mais les ancêtres ne peuvent pas être identifiés. Cela risquerait de compromettre le rêve des eaux salées.

Durlg ? Qui est Durlg ? Durlg est le jazz. Et pour ce qui rêve les yeux ouverts, le jazz est potable. Il se boit par les yeux. Il est le refrain d’une conscience de l’eau qui n’a pas de chambre. Sur la plage, il y a cette danse brune et grise dont on ne comprend finalement rien. Les algues s’entre-chatouillent et les vestiges habillent la loi des ancêtres pour mieux en contourner l’énigme.

Celui qui ne boit pas le coca-cola peut toujours boire de l’eau, mais seulement s’il en trouve dans ses rêves. La version des ancêtres s’accorde à ces voix qu’on entend applaudir toutes les punitions. Le moteur est brisé. Son silence est celui de Dieu. Vous ne sortirez jamais d’ici, vous fleurirez peut-être, dans cette immobilité boueuse, pour devenir les ancêtres de l’avenir.

We can only drink the water that doesn’t dream.

Linda is talking to the people around her about the flare lights that God stuck in the sky, just above the drama. There would be three of them. Through them, God flickers and provides lighting for the guilty game of proofs and the hypothesis of these magician beaches.

The stakes are: One must, with or without God, repair the motor. That’s it, the drama on which light must be shed. And without pouring gasoline on words, because gasoline is injust, Trevor, Linda, and the ancestors will try to talk about the sacred that is hidden in the motor’s grease.

The sacred, tending toward clumsiness, will one day come along with crucial instructions for how to fix the motor. That day, the moment that sentence will be written, is ever to be waited for. According to Linda, the instructions have been in the Three-lighted sky since time immemorial.

Only the policeman’s lower body is filmed, nothing else. It’s as if his fly, his gun, and his baton were all it took to show what he stands for, basically a kind of dirty fire. Because fire, the first element, is only incarnated by that dark trinity. The police show up with their pall, the mystery is intact, its role is to grow darker. She does not say that the hands are stars but confirms with her presence that the mystery needs light.

If water dreamt the word, that obtuse and malleable symbol, it was to project it into the sky. A ghost slaps the belly that cries out for drink. Mud makes a pact with water and becomes literature, the kind that prefers a more total correspondence of clues.

On the island, words in the shape of fruits and leaves foretell everything that happens. Elsewhere, the fertile spirit of communion the foot introduces into nature is manifest. At other moments, Kurosawa comes to mind.

It takes a long time to locate the shorted wire. It steeps the work in prayers, this being Linda’s version, in my own words. God alone has the expertise required to fix the boat’s motor. The instruction manual has gotten lost in the grease, say the cheers.

 The dreams are muffled. The fact is, it’s the ancestors who broke the motor. The soul, this sick detective, like a paper hope, glides with a cooing, disappears in air. That’s Trevor’s version, which comes before Linda’s.  

What was the ancestors’ motive? Who are the ancestors? I mean, their names must be known, one must name the guilty. The bureaucracy, the light, and the police demand it. But the ancestors cannot be identified. That would risk compromising the saltwater’s dreaming.

Durlg? Who is Durlg? Durlg is jazz. And for those who dream with their eyes open, jazz is potable. You drink it through your eyes. It is the refrain of awareness of unbounded water. On the beach there is that brown and grey dance, which in the end eludes all understanding. The algae tickle each other, and the remnants clothe the law of the ancestors to better skirt the enigma.

Whoever doesn’t drink Coca-Cola can always drink water, but only if they find it in their dreams. The ancestors’ version agrees with these voices we hear cheering for every punishment. The motor is broken. Its silence is God’s silence. You will never get out of here, you will maybe thrive, in that muddy immobility, in order to become the ancestors of the future.

Translated from the original French by Jacob Siefring.

KARRABING FILM COLLECTIVE
WUTHARR, SALTWATER DREAMS

En ligne du 10 mars au 10 avril

2016 | numérique | 28 mins 53 secs

Soutenez les artistes indépendants en faisant un don :

FAIRE UN DON

Tous les dons sont distribués aux artistes.

Présenté par
en collaboration avec
co-publié par