Skip to main content

SKY HOPINKA

ANTI-OBJECTS, OR SPACE WITHOUT PATH OR BOUNDARY

2017 | HD video| 13 mins 5 secs

 

Avec un texte de | With a text by: Samy Benammar

En ligne du 24 mars au 24 avril

Samy Benammar
Sur Anti-Objects, or Space Without Path or Boundary

deux lieux
celui que l’on a quitté et celui que l’on veut retrouver
ils naissent d’une même terre mais les climats changeant les pluies plus abondantes chez toi
plus acides chez moi
en ont fait deux réalités insulaires

l’ile de ma jeunesse est scindée en son milieu par un cour d’eau que le temps épaissit
je me souviens prendre mon enfant dans les bras le ruisselet goutte à goutte entre ses pieds nus mes bottes boueuses
l’année suivante la flaque s’est faite lac
mon enfant tend ses bras vers mon corps l’autre rive
nous ne pouvons plus nous toucher

quand au bord l’eau j’aurai érigé gratte-ciels noircissant la mer où tu laves les mémoires de leurs traumatismes juvéniles
le reflet de la tour de verre sur l’eau sera-t-il assez tangible pour
permettre à nos souvenirs de me rejoindre ?

ta canopée protège ton pas des villes qui s’effondrent au ciel et même si les racines boivent déjà autant de sel que de pétrole tu ne connais pas les mots pour décrire la mort de nos ancêtres
sans paroles pour dire la disparition tu crois aux vies éternelles

la main de grand-mère passe dans mes cheveux à travers les tiens crée des nœuds entre la liane et la ligne électrique
laquelle étrangle l’autre
lève les yeux vers le visage qui existe de ton côté avale chaque son qui échappe la bouche le vent entre les lèvres les automobiles qui creusent la gencive le bruissement des feuilles contre le palais
dévore sa langue sans lui faire mal recrache la dans notre rivière devenue mer et crie
crie moi de revenir
je ne t’entends pas
vois seulement ta gueule gouffre d’où s’échappe le sang et l’alphabet que j’ai sciemment désappris
je me penche sur l’océan
prends entre les rides de mes paumes un peu de ce liquide noir pourpré le porte à mon visage et m’empoisonne une dernière fois pour que surgisse le langage de l’enfance

traduire les images séparer les couches pour saisir les faits historiques
le rapport dialectique à l’héritage
tout ce qu’il faut laisser s’enfuir et garder près de soi mais
mon enfant ne sait pas nager et les muscles de ma mâchoire n’articulent pas le dialecte des montagnes bleues
laisse le venin de ma mère noyer les artères
dehors le déluge dedans la sécheresse

le soleil brûle la surface de l’eau
je m’endors sur les décombres de ma cité engloutie

two places
the one we left and the one we wish to return to
they were born from the same soil but the weather is changing the rains are more abundant on your side
mine’s more acidic
in fact we live now on two different islands

the island of my youth is split in its center by a small stream thickened by time
I remember taking my child in my arms the water dripping between his bare feet my muddy boots
the following year the puddle became a lake
my child stretches his arms towards my body the other shore
we can no longer touch each other

when I will have erected skyscrapers on the shore blackening the sea where you wash away the memories of our juvenile traumas
will the reflection of the crystal tower on the water be tangible enough
to bring our memories to me?

 

the canopy protects your footsteps from the cities collapsing in the sky and even if the roots already drink as much oil as salt you don’t have the words to describe the death of our ancestors
without a voice to express the vanishing you believe in eternal life

grandma’s hand goes into my hair through yours creates knots between the vine and the power line
that strangles the other
raise your eyes to the face that exists on your side swallow each sound that escapes from the mouth wind between the lips the cars that dig into the gums the leaves rustling against the palate
devour her tongue without hurting her spit it out in our river turned sea and shout
shout for me to come back
I can’t hear you

only see your jaws the abyss out of which streams blood and the alphabet I consciously unlearned

I lean out over the ocean
take from between the wrinkles of my palms a little of this blackish-purple liquid bring it to my face and poison myself one last time hoping for my mother tongue to re-emerge

to translate the images to separate the layers to seize the historical facts
the dialectical relationship to heritage
all that one must let go and keep close to oneself but
my child can’t swim and my face muscles can’t articulate the blue mountains dialect
let my mother’s venom drown the arteries
outside the deluge inside the drought

the sun burns the surface of the water
I fall asleep within the ruins of my sunken city

SKY HOPINKA
ANTI-OBJECTS, OR SPACE WITHOUT PATH OR BOUNDARY

En ligne du 24 mars au 24 avril

2017 | HD video| 13 mins 5 secs

Soutenez les artistes indépendants en faisant un don :

FAIRE UN DON

Tous les dons sont distribués aux artistes.

Présenté par
en collaboration avec
co-publié par