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Quand | When

12.06.2014 | 19h00-21h00

| Where

être
6029, Av Du Parc, Montréal [QC]

Média | Media

HD
En présence de la cinéaste.

Billets | Tickets

Gratuit.

“Multidisciplinary artist Khaled Jarrar explores the impact of modern-day power struggles on ordinary citizens while seeking to maximise the social potential of artistic interventions.” – Ayyam Gallery

Khaled Jarrar treats his DigiBeta camera like a person being smuggled over the barrier, using tight closeups, jerky movements and, at times, a cautiously observational distance to approximate the feeling of someone attempting the crossing, or watching others going across. The seemingly low-tech results at first appear bothersome, but soon take on an immediacy that captures the disturbing inhumanity inherent in the barrier.

KHALED JARRAR

Khaled Jarrar, born in Jenin, completed his studies in Interior design at the Palestine Polytechnic University in 1996, and then entered the field of photography in 2004. In 2011 he graduated as visual artist from the International Academy of Art – Palestine. His first exhibition took place in public space at the checkpoints of Howarra and Qalandya.

Jarrar started making films and videos in 2008, among them “Journey 110”. He took part in international art events such as Art Basel 41, Instant video, London Film Festival, the International Contemporary Art Fair “FIAC” in Paris, Berlin Biennale 7 in 2012 and Sharjah Biennial 11 in 2013.

INFILTRATORS

1h09m | English subtitles

The checkpoint is closed: “Detour, detour!” shouts a taxi driver, announcing the beginning of yet another uncertain search for a way around the barriers curtailing Palestinian movement in the West Bank.

Infiltrators is a visceral “road movie” that chronicles the daily travails of Palestinians of all backgrounds as they seek routes through, under, around, and over a bewildering matrix of barriers.

Following this high stakes “game” of cat and mouse with a handheld video camera, Khaled Jarrarʼs debut documentary was the standout success at the 2012 Dubai International Film Festival, winning the Muhr Arab Documentary Prize, the Special Jury Prize, and the International Critics Prize.

UNFORTUNATELY, IT WAS PARADISE

RALITSA DONCHEVA

10:00 min | Color | Sound

A personal meditation on movement and stillness, presence and absence, using Eastern European documentaries and Communist propaganda films.

Conception & Edit: Ralitsa Doncheva
Sound: Robin Gould
35 mm Film Archive: courtesy to Richard Kerr

“I could see the ship that had emerged from the middle of the fire, moving so slowly that you felt it was not moving at all. It was a white yacht with five masts and left not the slightest wake on the still water. Although almost motionless, it moved forward as inexorably as the big hand of a clock. The ship was moving, so to speak, along the line dividing what we can perceive from what no one has yet seen.” Campo Santo, W. Sebald

RALITSA DONCHEVA | Q+A

Q+A FR

RALITSA: Je ne sais pas si les gens ont envie de parler après avoir vu un film intense comme celui-ci. Vous rappelez-vous de mon film au début? Si oui, de quoi vous souvenez-vous? C’est un film qui porte sur la mémoire et la représentation de celle-ci…

Je comprends pourquoi nos films ont été montrés ensemble; cela à créer une dynamique intéressante. J’ai travaillé à l’aide de found footage de documentaires Ukrainiens et de films de propagandes. À partir de ce contenu politique, j’ai pu en retirer des éléments de la vie banale, du quotidien, tel que cette femme qui marche dans un parc ou d’une autre qui vend des fleurs dans la rue. Dans un sens, à partir de ce contexte politique représenté, j’ai essayé de créer quelque chose de totalement différent qui portait l’esprit de ce temps, qui serait peut-être plutôt de l’ordre de la mémoire. Mais, avec Infiltrators, on se retrouve totalement dans le moment présent représenté, juste là, par ces gens, entrain de marcher dans la rue.

VISIONS: Oui, exactement. Même si l’on connaît le contexte politique, ce qui me semble important à propos de ce film c’est que l’on se retrouve avec ces personnes qui se cachent, courent et essayent de survivre dans ce contexte tendu. Le politique devient en soit une expérience du moment présent.

PUBLIC: Comment avez-vous acquis ces films de found footage?

RALITSA: Ce sont des films que j’ai acquis grâce à mon professeur Richard Kerr. Je travaillais sur un autre projet qui devait constituer mon film pour ma thèse, et, à cette époque, nous devions suivre un cours de montage avec lui. C’est à ce moment qu’il nous a donné ces documentaires. Personne ne voulait les utiliser et tout le monde était bien plus intéresser à faire de la fiction. Cependant, j’aime beaucoup ces documentaires parce qu’ils me rappellent des moments de réalité qu’ont vécu mes parents alors qu’ils se sont rencontrés en Bulgarie, où j’ai grandi. La femme qui marche dans le parc ressemble beaucoup à ma maman. Personne ne le sait, mais je le sais. Donc quand je l’ai vu, j’ai trouvé cette association très intéressante puisque ces images sont au départ impersonnelles. Je ne connais pas l’histoire de ces films, et pourtant j’ai l’impression d’avoir tourné ces images. D’habitude, dans mes films, je fais tout. Je n’avais jamais travaillé à partir de found footage avant de faire ce film. J’étais simplement attirée par l’idée de travailler avec ces films et, éventuellement, je me suis mise à travailler uniquement sur ce projet avec une amie que l’on entend chanter au début et à la fin du film. Nous avons travaillé ensemble sur le son. C’était un projet assez simple à réaliser puisque je n’avais rien à filmer : ainsi, je me sentais libre de faire ce que je voulais. Donc, oui, ces films appartiennent à Richard Kerr, pour répondre à votre question initiale. Richard Kerr est un professeur à Mel Hoppenheim School of Cinema, et un très reconnu cinéaste expérimental.

PUBLIC: Richard Kerr a-t-il filmé ces images?

RALITSA: Comme la plus plupart d’entre vous le savez, il n’y a plus grande production de films en 35mm aujourd’hui. Richard a donc acquis ces vieux films que personne ne voulait. Il a décidé de donner un cours intitulé « Montage », et il y donnait alors ces pellicules trouvées afin que les étudiants travaillent à partir de celles-ci, de la manière dont ils le souhaitaient. L’idée, je présume, était de donner une nouvelle vie à ces films qui tomberaient dans l’oubli. Ce cours est devenu très populaire, et je pense qu’il l’enseigne encore.

VISIONS : Comment avez-vous vécu cette expérience, que de travailler avec des films trouvés? C’est une intéressante forme de « documentaire » dans le sens où vous partez d’un « document », puis vous le re-visionnez…

RALITSA : Comme c’était la première fois que je le faisais, mon approche était très intuitive. Il y avait certains plans qui, immédiatement, me plaisaient. Je ne savais trop pourquoi, jusqu’à mi-parcours du projet : j’ai réalisé que j’aimais faire ce film de manière si différente de ma façon usuelle de travailler. D’habitude, j’ai une idée pour un film, et je l’exécute de manière très spécifique et conceptuelle. Ici, mon approche n’est pas du tout conceptuelle, mais purement intuitive, spontanée et dans le présent de l’action. Ainsi, dans un sens, ces images sont devenues miennes. J’ai l’impression d’avoir tous les droits d’auteur sur ce film, même si je ne sais vraiment d’où proviennent les images.

VISIONS : Comment vous sentez-vous face au monde représenté dans ces films, surtout après avoir ralenti et examiné toutes ces images ? Les voyez-vous plutôt comme des photographies ou simplement comme un espace-temps à part entier?

RALITSA : Le titre, Unfortunately, it was paradise, fait échos à un livre de Mahmoud Darwish, un écrivain palestinien, un recueil de poèmes qu’il a écrit alors qu’il était en exil. Je pense que pour moi, je vois ces images avec une certaine nostalgie. Une nostalgie envers ce que je n’ai jamais vécu, mais envers l’histoire d’un lieu auquel j’appartiens. C’était une façon de m’inscrire dans cette histoire et d’appartenir à ce lieu, alors que je n’y habite pas maintenant, que je me trouve loin. Dans un sens, Unfortunaly, it was paradise, est devenu cette belle « chose » dont je ne peux en fait en garantir son existence, ou était, auparavant, tout simplement une belle chose. Cependant, connaissant l’histoire de mes parents, cette histoire n’était pas belle du tout…

PUBLIC : Il y a plusieurs choses qui me plaisent beaucoup dans votre film. Les trois carrés et cadres qui apparaissent à l’écran, par exemple. À certains moments, ils se rencontrent et créent de nouvelles figures géométriques, un peu comme des enfants dans une classe de ballet. Les images continuent de se superposer et créent une sorte de prisme : il y avait ici quelque chose de très fort. À un autre moment donné, il y a quelque chose de l’ordre d’un écroulement de la vision, ou, encore, ailleurs, on a l’impression qu’un morceau de terre se transforme en une île. Il y avait de très forts « moment géométriques » dans votre film qui, pour moi, créaient leur propre trame narrative.

RALITSA : Oui. C’est le genre de choses que j’ai découvert que je faisais. Ce montage en soi est très formel. Dans un sens, c’était très libérateur. Je ne me projetais pas dans les images, mais je les ‘gérais’. Ainsi, ces formes et ces images se sont créées à partir d’elles-mêmes, à partir de leur contenu, et, moi, je cherchais des moyens afin de créer mon monde à partir de ce matériel qui n’est pas le mien.

PUBLIC : J’y ai vu une sorte de symétrie, et ce, même dans la trame narrative du film. Vous commencez le film avec des images de jeunes enfants, puis de personnes plus âgées, puis vous revenez à de plus jeunes personnes et, finalement, vous finissez votre film sur la même image que celle du début. Tout le film s’apparente à un kaléidoscope. Était-ce intentionnel?

RALITSA : Oui, c’était intentionnel.

PUBLIC : Le rapport avec l’âge aussi? Avez-vous adopté une structure particulière selon l’âge de ces personnages? Était-ce intentionnel?

RALITSA : Non. Par contre, la boucle était prévue. Je n’avais pas pensé à ce rapport avec l’âge, merci de le souligner. Je cherchais simplement des images avec des personnes en mouvement. J’étais très attirée par ces personnes qui marchent. J’aime beaucoup marcher et, vous savez, quand on marche et que l’on perd notre rapport au réel : vous êtes physiquement présents, mais plus totalement…Je ressentais que ces marcheurs étaient perdus dans leur pensée, se trouvaient ailleurs. Mais pour revenir à cette question sur l’âge, je n’y avais pas pensé. Ce film a été fait pour être présenté en installation, ainsi il a joué dans des galeries, non pas en festivals. Je préfère le présenter sur un mur en coin pour qu’une image serve de miroir à l’autre : ainsi, le tout est d’autant plus kaléidoscopique.

Ici, c’est un très bel espace pour mon film, en fait. Je remercie Alek pour nous accueillir, ainsi que Ben. C’est le premier lieu où je suis venue voir un film à Montréal puisque j’habite de l’autre côté de la rue. Ça me fait très plaisir d’y présenter mon film, quelques années plus tard. Je suppose que j’y suis arrivée!

Traduction : Emma Roufs – 02/11/2014

Q+A EN

Ralitsa : I don’t know if people feel like talking after that intense film. Do you guys remember my film at the beginning? And what do you remember? It’s a film that deals with memory and representation of memory.

I can see why our films were put together, it created an interesting dynamic. I’ve been working with found footage from Ukranian documentaries and propaganda films so my approach was to take the political content and strip it down to its basic elements of everyday banal reality, such as a woman walking in the park or a woman selling flowers in the street. In a way it was taking the political context from the footage and trying to create something completely different that was carrying the spirit but is more like a memory. But with Infiltrators we’re totally in the present moment, right there walking with the people.

Visions : Right, exactly. Even if you know the political context what struck me about the film is that you really start getting caught up in the moment of people hiding and running and trying to deal with the situation before them. The political becomes an experience in the moment.

Audience : How did you get your hands on the footage?

Ralitsa : It’s footage that I acquired through my film professor, Richard Kerr. I was working on another project that was supposed to be my thesis film and then we were taking a montage class with him and he gave us these documentaries. No one wanted to work with them and were more interested in the fiction stuff but I really like the documentaries because they reminded me of certain realities that my parents encountered in Bulgaria where I grew up. The image of the woman in the park really looks like my mum. No one knows that but I know it, so when I saw it I found it really interesting because it’s such impersonal footage. I don’t know the history of these films other than the fact that they’re Ukranian propaganda films. I found it so foreign to me but it was also very personal, it feels almost as if I filmed it. Normally in my work I do cinematography and everything else, I’ve never worked with found footage before this film. I was just really attracted to working with the footage and eventually it became my main project and I worked with a close friend of mine who we hear singing in the beginning and at the end and we made the sound design with her voice. It was an easy project to make for some reason and also because I didn’t shoot the footage myself I just felt very comfortable doing whatever I wanted. So, yes, it belongs to Richard Kerr to answer your question. Richard Kerr is a professor in the Mel Hoppenheim School of Cinema who is an important experimental filmmaker.

Audience : Is it his footage? Did he film it?

Ralitsa : As most of you may know there isn’t really a lot of 35mm projection happening really so Richard acquired a lot of old films that nobody else wanted or cared about. He decided to start a class called Montage and gave people footage and let them work with the footage in ways that they want. The idea, I guess, was to bring new life to these films that would otherwise never be seen again. It became a very popular class and I think he still does it.

Visions : How did you find working with found footage which is an interesting form of ‘documentary’ in which you take one document and re-see it?

Ralitsa : Because this is the only time I’ve done it, my approach was very intuitive. There were certain shots that I liked immediately and I wasn’t too sure why until I was into the middle of the project when I realised what I was actually doing with this film, which is not usually how I work. I usually have an idea and the execute it very specifically in a more conceptual way but here the approach wasn’t conceptual at all. It was intuitive, spontaneous and in the moment. So in that sense the found footage just became my footage. I feel like I have authorship over that work even though I don’t really know much about the original footage.

Visions : How do you relate to the world within the footage having slowed it down and really examined it, do you see it as pictures or as another time and place?

Ralitsa : The title Unfortunately, it was paradise, is a reference to a book by Mahmoud Darwish, he’s a Palestinian writer and it’s a book of poems that he wrote when he was in exile. I guess for me and the way I see this footage is with a certain nostalgia for things that I never actually experienced but that relate to the history of the place that I come from. It was a way for me to relate to that history from that perspective of me living here and being distant from it. In a way it became, “Unfortunately, it was paradise”, this really nice thing that I don’t know if it even existed or if it was actually nice. Knowing the story of my parents it wasn’t nice at all.

Audience : There are a few things that I like very much. The three squares and frames on the screen for example. There were points where the three together created new geometrical figures, like when the kids are in the ballet class. The images keep adding up to make some kind of prism, there was something very powerful in that image. At another time there is something like a collapsing vision and another one where a piece of land looks like it’s turning into an island. There were very powerful geometrical moments in the film that I found to be almost their own narrative or storyline.

Ralitsa : I know. These are the kinds of things I started discovering that I was making. There was an inherently formal approach while editing the image. In that sense it was very liberating because I wasn’t projecting as much and just dealing with what was in the images. So, these patterns and these images were created because of what was already there and I was looking for ways to create a world that I guess is my world but is made of material that is not mine.

Audience : I saw there was a sort of symmetry with the narrative of the film, too. I don’t know if you intentionally started with younger children then followed older people then it went back to young people and ended on the same shot you began with. The whole film felt like a kaleidoscope.

Ralitsa : Yeah, that was intentional.

Audience : The age thing, too? What was your structure with the age of the characters? Did you plot that intentionally?

Ralitsa : No, I didn’t. But the loop was plotted. I haven’t actually through about that, thanks for pointing it out. I was just looking for images for people in motion. I was really attracted to the people who were walking. I really like walking and you know when you walk and just lose a sense of reality, you’re physically present but you’re not really there… I felt these walking people seemed so much in their heads somewhere else. But I wasn’t consciously thinking about age. This was originally conceived as an installation so it has played mostly in galleries and not festivals and I like to present it on a corner wall with one image mirroring the other so it’s even more kaleidoscopic.

This is a great space for my film, actually. I want to thank Alek for having us here and Ben. This is the first place I ever came to in Montreal to see a movie because I used to live across the street so it’s nice being here now after a couple of years. I guess I made it.