Skip to main content

KYATH BATTIE

SENESCENT VIVARIUM

2018 | 16mm to digital | 7 mins
Avec un texte de | With a text by: Jacob Wren
Jacob Wren
sur Senescent Vivarium de Kyath Battie

Il n’y a que trois saisons. Non, bien sûr, il y en a quatre. Ou peut-être qu’il n’y en a que deux. Autant de saisons qu’on le souhaite, ou non. Comme le cinéma aime la pluie sous toutes ses formes, et les réactions qu’elle provoque, dans son ampleur, sa profondeur et ses sensations. Comme le cinéma aime le temps. Un jardin qui ne peut être ni entretenu, ni oublié. Un jardin qui vous énonce ce dont il a besoin. Le matin, le deuil et la nuit, la lumière. Son sol est celui d’une forêt. Une forêt de détails et de questions, de réflexions, juchée d’encore plus de détails. Développé à la main. La netteté de certaines formes, de certains mécanismes, alors que vous savez et ne savez pas en même temps si elles défilent tout doucement ou si elles font demi-tour pour revenir à leur point de départ. Toutes formes peuvent se répercuter et s’animer. Ces formes, qui balaient l’écran presque trop nettement, font écho à une époque bien antérieure à celle à laquelle elles appartiennent. Il y a quelque chose de chatoyant dans cet écho. Deux saisons. Quatre saisons. Six, douze ou vingt, si l’on compte quelques-unes des différentes façons dont elles stimulent et affectent notre compréhension de chaque nouveau changement. Un certain scintillement et une gradation de lumière. D’ombre. De profondeur. De compulsion. Sous une observation que nous ne pouvons qu’accepter aujourd’hui, une intuition et une impulsion délavées. Les insectes conscients du fait qu’ils nous survivront. Le cinéma aime la lumière, la lumière aime la pluie, la pluie aime tomber tout en sachant (sélectivement) dans quelle direction elle s’abattra. Et ce que les insectes connaissent, ils l’apprennent probablement au travers d’un souvenir d’un temps où ils étaient plus grands que nous. Aujourd’hui, ils regardent vers le haut, mais un temps existe peut-être, futur ou passé, où ils regardent vers le bas. Les insectes qui aiment se précipiter. Un moment où l’ombre scintille à la fois à l’arrière-plan et au premier plan. Alors que les saisons se multiplient, nous pouvons apprendre à mieux les connaître. Pour nous permettre de s’oublier un peu. Le lent balayage panoramique qui nous rapproche les uns des autres. Le lent balayage panoramique qui traverse les saisons et leurs pensées. Des pensées qu’elles connaissent et auxquelles elles font écho. Une nature dont nous devons nous détacher pour apprendre à la connaître à nouveau. Cette nature, nous devons la reconnaître, comme nous reconnaissons le scintillement des saisons qui reviennent cycliquement et qui se tordent en de multiples courbes. Encore et pour la première fois. Il y a deux saisons. Quatre. Neuf. Une seule. Un palimpseste de saisons vives interrogeant nos intentions qui changent selon nos état-d’âme. Des fictions. Des perspectives, petites ou grandes.  Une vision frémissante et vacillante d’un monde dans lequel le futur devient le passé. Un jardin qui sait ce qu’il doit nous dire et ce que nous savons déjà, mais que nous n’osons questionner. À nouveau, même avant que nous le sachions. Une certaine concentration et une perspective qui façonnent notre souffle et notre regard à l’image de la pluie. Voyons-nous ce que nous connaissons déjà ou uniquement le point tendre de l’image ? En traversant, de près ou de loin, ce que nous ne savons peut-être pas encore (et ce que nous devons donc réapprendre.). Un écho qui donne la parole à une vision. Développé à la main. Un scintillement contre le grain. Les insectes savent où et comment trouver les fantômes. Le magnétisme d’un moment qui ne cesse de croître. Dans un jardin des possibles. Ces pensées qui nous suivent sous forme d’êtres vivants. À une époque où il y avait davantage de saisons, et à une époque où il y en avait peut-être moins. Comme si l’on faisait une mise au point et que, de la même manière, tout redevenait aussi flou qu’auparavant. Encore. Comme un cycle. Comme si l’on donnait aux saisons de nouveaux noms complètement différents. Comme si l’on décidait d’appeler ces quatre saisons : scintillement. Retrouver des sensations passées. Une forme de transmission qui mêle le jardin à la forêt, et exige de déconstruire cette homogénéité par la suite. Je m’allonge au sol et j’attends que ce qui se doit se produire se produise. Il y a des lieux ou des moments où une rafale de vent se transforme en une intuition, et cette intuition nous rappelle de nous allonger. Je suis là et j’attends. Cette attente est une manière de nommer, et les saisons n’ont plus besoin de noms, ni d’être comptées. Elles existent pour se souvenir, à nouveau.

 

Traduction : Noa Blanche 

Corrections : Emma Roufs

There are only three seasons. No, of course there are four. Or perhaps two. As many seasons as you might wish for or against. As cinema loves rain, in every shade and reaction of polarization, of width, breadth and sensation, as cinema loves time. A garden that cannot be tended or forgotten. A garden that tells you what it wants, morning and mourning and night, in and within light. A forest floor. A forest of details and questions, reflections and then more details. Hand-processed. A sharpness of certain shapes, certain mechanisms, as you know and don’t know how quietly they might be moving past, moving back the way they came. As all shapes might echo, come alive, these shapes – as they scan almost too sharply – echo and reflect back as well, back to a time long before we knew them. Something shimmering about the complex echo within. Two seasons. Four seasons. Six or twelve or twenty, if we count at least some of the different ways they compel and reflect our understanding of each new shift. A certain sparkle and gradation of light. Shade. Depth. Compulsion. A washed-out insight and impulse, beneath an observation we might only now get behind. The insects who know how they will outlast us. Cinema loves light, light loves rain, rain loves to come down, to know (selectively) which direction one might land. And what the insects know, they might learn from a memory of when they were larger than us. Now they are gazing up but there might be a time – future or past – when they were gazing down. The insects who like to scurry. A certain moment when the shadow is background and foreground flickering all at once. As the seasons multiply to allow us to know them better. To allow us to momentarily forget ourselves. The slow pan that finds us closer. The slow pan across seasons and across the thoughts which seasons both echo and know. A nature that we now realize we must push against ourselves to relearn. Must soon again know like the flickering of all weather. Which returns, in cycles, as it changes in bending multiple lines. Again and for the first time. There are two seasons. Four. Nine. Only one. A palimpsest of more alive than living seasons, which question our intentions as they multiply past and into moods. Fictions. Perspectives small and large. A shivering, flickering insight in which the future becomes the past. A garden that knows what to tell us and what we know but don’t wish to ask. Again and before we know it. A certain focus and perspective that shapes our breath and sight like rain. Do we see what we know or see where the image is most tender. Moving along and across what we might not yet know (and then how to relearn.) An echo that gives voice to a sight. Hand-processed. A flickering against the grain. The insects know how and where to most easily find ghosts. A magnetism placed within a moment that might continue to grow. Again and in the garden of many more agains. How these thoughts travel alongside us in the form of living things. A time in which there used to be more seasons and a time in which there might have been less. As if coming into focus and then, just as intuitively, right out again into the blur. And again. Like a cycle. Like a moment in which you think to give the seasons completely different names. To take all four seasons and call them: flickering. Stumbling back into former sensations. A transmission that blends the garden into the forest and asks how we might then blend it back. I lie down in the dirt and wait for the thing to happen. It knows there are spaces when and where a breeze can become an insight, an insight can remind us to lie down. I am here and I am waiting. This waiting is a kind of naming and the seasons no longer need to be named, no longer need to be numbers. Are here to remind us once again.

KYATH BATTIE
Senescent Vivarium

2018 | 16mm to digital | 7 mins

Soutenez les artistes indépendants en faisant un don :

FAIRE UN DON

Tous les dons sont distribués aux artistes.

Présenté par
en collaboration avec
co-publié par